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Décarboner la fertilisation azotée est délicat

Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé sur la décarbonation, a organisé une table-ronde sur la question de la fertilisation azotée le 25 février 2025 au Salon de l'agriculture. De gauche à droite : Pierre Toussaint (Axéréal), Céline Corpel (Shift Project), Benoit Jimenez (groupe Roullier) et Clément Ory (Carbone 4).

L’empreinte carbone des engrais azotés est principalement liée aux usages aux champs, et à leur fabrication dans une moindre mesure. Sa réduction pose notamment de larges questions d’accompagnement économique et de développement de filières.

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Comment décarboner la fertilisation azotée ? C’est autour de cette question que s’est tenue une table-ronde le 25 février 2025 au Salon de l’agriculture, organisée par Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé dans la décarbonation.

« 5 % des émissions de la France sont dues à la fertilisation, sans compter les émissions de l’industrie liée à la fabrication des engrais », indique Sophie de Montmarin, consultante chez Carbone 4. Un pourcentage non négligeable, même s’il répond « à un besoin élémentaire : produire de l’alimentation », précise-t-elle.

Couverture des sols

En France, de 70 % à 80 % des émissions de gaz à effet de serre associées aux engrais sont liées à leur usage aux champs, via les processus de dénitrification, lixiviation et volatilisation de l’azote. Parmi les leviers disponibles à la ferme pour réduire ces émissions, « les deux plus importants sont la couverture des sols et l’allongement de la rotation », indique Pierre Toussaint, directeur de l'agronomie, des transitions innovations d’Axéréal. Dans ce cadre, l’implantation de légumineuses a un impact fort ; encore faut-il avoir des débouchés.

Benoit Jimenez, directeur de la RSE du groupe Roullier, défend pour sa part les leviers qui permettent d’améliorer l’efficience des unités apportées aux champs : les biostimulants notamment, selon lui. « La transformation d’un secteur s’opère quand on a les bons indicateurs », déclare-t-il, estimant qu’il faudrait davantage se référer à la tonne de grain produite pour tirer des bilans.

Deux ou trois fois plus cher

La fabrication des engrais azotés, elle, pèse 20 % à 30 % de l’empreinte carbone qui leur sont associés. Les industriels travaillent à la décarbonation de leurs process en captant le carbone émis, ou en utilisant de l’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau grâce à de l’énergie décarbonée notamment. Il est à noter que ces produits décarbonés sont « deux ou trois fois plus chers que les engrais standards », chiffre Pierre Toussaint, qui appelle à une prise en charge de ce coût par l’ensemble de la chaîne de valeur.

La question de l’accompagnement financier des exploitations se pose en effet dans un environnement économique complexe. « Les agriculteurs sont prêts à faire évoluer leurs pratiques s’ils gagnent leur vie », assure Céline Corpel, agricultrice et cheffe de projet pour l'agriculture au Shift Project. Sur ces thématiques, « il y a énormément d’intérêt de la part des jeunes générations », complète Pierre Toussaint.

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